Origine et histoire de la Bibliothèque municipale
La Bibliothèque municipale de Toulouse, construite de 1932 à 1935 à l’emplacement de l’ancien couvent des Carmélites, rassemble les collections historiques de la ville et fait partie du réseau des bibliothèques municipales. Son origine remonte à l’assemblage du fonds de la bibliothèque des Jésuites par Loménie de Brienne en 1782, enrichi pendant la Révolution par les bibliothèques monastiques, complété par des collections privées et augmenté en 1866 par les volumes de la bibliothèque du clergé. La municipalité socialiste acheta le terrain de l’ancien couvent en 1928 et confia le projet à l’architecte municipal Jean Montariol, piloté par Pol Neveu, inspecteur général des bibliothèques ; les plans de 1929 traduisent une conception fonctionnaliste qui divise l’édifice en trois corps distincts pour l’administration, la salle de lecture et le magasin sur six niveaux. La première pierre fut posée en 1932 et la bibliothèque inaugurée le 30 mars 1935 ; elle est inscrite à l’inventaire des monuments historiques depuis le 7 décembre 1994. Le bâtiment, de style Art déco, combine des techniques modernes — béton armé, toitures-terrasses, organisation fonctionnelle des espaces et magasin autoporteur à carcasse métallique — et un riche décor conçu en grande partie par Montariol, source d’une polémique avec Pol Neveu qui jugeait l’ornementation excessive. Le décor associe artistes et artisans toulousains : Marc Saint‑Saëns pour la fresque de la grande salle, Sylvestre Clerc pour la frise et les bas‑reliefs, Henry Parayre pour les fontaines, Georges Vivent pour les cartouches, Édouard Bouillière pour des tableaux repris au vitrail par André Rapp, et Maurice Alet pour le mobilier dessiné par Montariol ; la porte monumentale en bronze, conçue par Montariol et réalisée par Borderel et Robert sous la direction artistique de Raymond Subes, illustre l’histoire de l’imprimerie. La frise sculptée par Sylvestre Clerc, longue d’environ soixante mètres et haute de deux mètres, évoque l’histoire de l’humanité et de la pensée, mêlant thèmes universels et références régionales, et est taillée dans un calcaire oolithique du Poitou. La grande salle de lecture, pièce maîtresse, s’étend sur plus de 1 000 m², est couverte d’une coupole lumineuse ornée de pavés de verre et bénéficie d’un éclairage abondant ; elle porte la fresque Le Parnasse occitan de Marc Saint‑Saëns, qui met en scène troubadours, muses et figures régionales. Le magasin, long de 64 mètres sur six niveaux, privilégie l’aspect fonctionnel avec des rayonnages métalliques prévus pour stocker un important volume de livres et un système de desserte par escaliers et ascenseurs. Implantée dans un quartier étudiant et voisine des établissements universitaires, la bibliothèque occupe le site des Carmélites dont seule la chapelle, ornée de peintures de Jean‑Pierre Rivalz, Antoine Rivalz et Jean‑Baptiste Despax, subsistait. La bibliothèque d’étude et du patrimoine conserve des collections patrimoniales et jeunesse et développe un fonds régional spécialisé sur Toulouse et sa région ; elle collecte également le dépôt légal imprimeur de l’ancienne région Midi‑Pyrénées, qui enrichit ses collections en livres, journaux, revues, brochures, cartes postales et affiches. Parmi ses fonds, la salle « Patrimoine écrit » compte environ 150 000 ouvrages anciens, rares ou précieux, dont un fonds ancien imprimé (1501–1815), des partitions, des collections du XIXe siècle, une réserve de manuscrits du Moyen Âge à nos jours, des incunables, des livres d’artistes, une iconographie précieuse et plusieurs fonds spéciaux tels que Molière, Béraldi, Cauvet, Racine, maçonnique et russe ; le fonds régional comprend environ 60 000 documents relatifs à Toulouse et à la région. Fermée en juillet 1999 pour rénovation, la bibliothèque a rouvert en février 2003 après des travaux dirigés par Dominique Letellier qui ont notamment réintroduit un parquet à la française dans la salle de lecture, installé un sas monumental en verre, posé des filtres ultraviolets sur les vitrages, mis en place une climatisation et renforcé la protection contre l’incendie par des portes coupe‑feu et un système d’extinction par gaz. Aujourd’hui, elle poursuit la mission d’enrichir, conserver et valoriser les collections patrimoniales et jeunesse de la ville tout en offrant une documentation d’étude diversifiée.